Afrique du Sud : en campagne, le président talonné par le mot "corruption"

Publié le 10 déc. 2022 à 18:51

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Crédit Photo : Autre presse

"Corruption = Ramaphosa", la pancarte dérange. Dans la foule rassemblée samedi à un meeting de campagne du président sud-africain, dans une banlieue du Cap, un homme brandissant cette inscription a été évacué sans ménagement par des gros bras portant des casquettes du parti au pouvoir.

Cyril Ramaphosa, 70 ans, est seul candidat devant son ancien ministre de la Santé, Zweli Mkhize, à la présidence du Congrès national africain (ANC). Le parti se réunit la semaine prochaine pour choisir qui dirigera le pays si l'ANC, de plus en plus contesté, remportait les élections générales de 2024.  

Mais avant ce vote interne, le Parlement décide mardi s'il lance ou non une procédure de destitution contre le président : M. Ramaphosa est accusé d'avoir tenté de dissimuler un cambriolage dans une de ses propriétés, au cours duquel d'importantes sommes en liquide ont été retrouvées camouflées dans un canapé.

L'ANC, largement majoritaire au Parlement, lui a apporté un soutien officiel, rendant un éventuel départ forcé peu probable. Mais certains ont accusé les caciques du parti de vouloir faire taire des voix dissidentes au sein même du tout-puissant Comité exécutif national (NEC) à sa tête. 

En difficulté à quelques jours d'échéances cruciales pour son avenir politique, le président est allé chasser samedi en dehors de ses terres, au Cap. La province est traditionnellement acquise au premier parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), qui y a rassemblé plus de 50% des voix lors des dernières élections locales. 

Interrogé par les journalistes sur un possible retrait suite à l'affaire du cambriolage dans laquelle il n'est pas inculpé à ce stade, M Ramaphosa a répondu dans un sourire : "Il n'y a pas de problème, il n'y a pas de crise, détendez-vous". Avant de mettre fin aux questions.

Déambulant plus tard entre les cabanes en tôle ondulée d'un township, le président était suivi par une foule agitée, vêtue en vert, noir et jaune, aux couleurs de l'ANC. Des partisans criaient : "Mon président ! Mon président !" 

Mais le mot "corruption" était aussi sur certaines lèvres : "Je suis heureux de le voir. Mais la corruption au sein de l'ANC tue nos communautés", a déploré auprès de l'AFP Simphiwe Ngxamngxa, la quarantaine, énumérant les besoins dans les quartiers déshérités où l'accès à l'eau et l'électricité n'est pas garanti.