Angola : hommage à l'ex-président dos Santos, en pleine contestation électorale

Publié le 27 août 2022 à 12:58 Modifié le 27 août 2022 à 12:58

  • Angola : hommage à l'ex-président dos Santos, en pleine contestation électorale

L'Angola a entamé samedi un week-end d'hommages à l'ex-président José Eduardo dos Santos, qui a régné sans partage pendant 38 ans et laissé un héritage controversé, quelques jours après des élections dont les résultats préliminaires sont contestés par l'opposition.

L'Angola a entamé samedi un week-end d'hommages à l'ex-président José Eduardo dos Santos, qui a régné sans partage pendant 38 ans et laissé un héritage controversé, quelques jours après des élections dont les résultats préliminaires sont contestés par l'opposition. 

 

L'ancien chef d'État (1979-2017), jamais directement élu, est mort le mois dernier à 79 ans dans une clinique de Barcelone. Il est accusé d'avoir détourné des milliards au profit de sa famille et de ses proches.

 

Avant des funérailles nationales dimanche, son cercueil a été exposé dans la matinée sur une place de la capitale Luanda pour permettre au public de se recueillir. Une douzaine de chefs d'État et de gouvernement sont attendus pour la cérémonie officielle. 

 

Le cortège funèbre transportant le cercueil, couvert d'un drapeau angolais, est entré sur la place de la République, encadré par des motards et la police montée, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

 

Des groupes se sont rassemblés sur le bord des routes, certains pleurants, d'autres chantant. 

 

Des drapeaux noirs ont été déployés sur l'immense esplanade, proche de l'océan, tandis que des haut-parleurs diffusaient de la musique religieuse. 

 

De grandes afficheS rendent hommage à celui surnommé "Zedu" dans le pays : "Adieu Président aimé", "Pour toujours notre commandant", ou encore "Zedu, homme du peuple".

 

Sur la pelouse, des dizaines de rangées de chaises ont été installées, mais restent vides pour la plupart. Des proches et des membres du gouvernement sont venus, mais ces derniers ont rapidement quitté les lieux. 

 

Ces hommages interviennent quelques jours après le vote des Angolais pour choisir leurs députés, dans un scrutin qui décidera du prochain président. 

 

Dans l'ancienne colonie portugaise, indépendante depuis 1975, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives est investie aux fonctions de chef de l'État.

 

- Scrutin serré –

 

Le parti de l'ancien chef d'Etat, le MPLA, au pouvoir depuis 47 ans, est en tête, selon les résultats préliminaires de la commission électorale. Le président sortant, Joao Lourenço, 68 ans, est proche d'un second mandat. 

 

Mais avec 51,07% sur la quasi-totalité des suffrages exprimés (97,03%) l'ancien parti unique enregistre son plus mauvais score, si ces résultats sont confirmés. 

 

L'opposition, avec jusqu'ici 44,05% des voix, conteste ces résultats. Leur chef de file, Adalberto Costa Junior, a appelé à la création d'une commission de vérification.

 

Les observateurs étrangers ont exprimé vendredi des "préoccupations" notamment à propos des listes électorales. 

 

Les résultats définitifs du scrutin n'ont pas encore été divulgués. Il s'agit des élections les plus serrées de l'histoire du pays. 

 

Sur des promesses de réformes, d'enrayer pauvreté et corruption, l'opposition a gagné du terrain. Inflation galopante, sécheresse sévère et chômage nourrissent un désir croissant de changement. 

 

M. Costa Junior, 60 ans, séduit la jeunesse, une part grandissante de l'électorat, qui rejette l'héritage de dos Santos, symbole de corruption et népotisme. 

 

Ce dernier a fait de l'Angola, riche en ressources naturelles, l'un des premiers producteurs de pétrole du continent avec le Nigeria. Mais il s'est servi de cette manne pour s'enrichir avec ses proches, tandis que son pays restait l'un des plus pauvres de la planète.

 

Successeur désigné, Joao Lourenço s'est affranchi du système en menant une vigoureuse campagne anticorruption et des réformes, saluées à l'étranger, pour sortir l'économie de sa dépendance au pétrole.

 

Mais beaucoup jugent que cette campagne anticorruption visait à régler des comptes avec le clan dos Santos. Et plus de la moitié des 33 millions d'Angolais vivaient encore sous le seuil de pauvreté en 2020, selon la Banque mondiale.