Cette édition, organisée sous le thème "Frontières vertes : entre ressources naturelles partagées et défis de sécurité", va examiner les défis environnementaux et sécuritaires auxquels sont confrontés les États africains, particulièrement dans les zones frontalières.
Lors d'un échange avec la presse ce jeudi 10 octobre 2024, en prélude à l’événement, Diakalidia Konaté, Secrétaire exécutif de la Commission Nationale des Frontières de la Côte d’Ivoire (CNFCI) et Commissaire général de l'ABF, a rappelé l’importance de ce rendez-vous prévu au Parc d’Exposition d’Abidjan.
"Les frontières africaines, héritées de la colonisation, sont souvent mal définies et non matérialisées, créant des tensions territoriales et foncières", fait-il remarquer. Ces frontières, devenues des lieux de conflits multiples, nécessitent une meilleure gouvernance pour assurer à la fois la sécurité et le développement durable des zones frontalières.
Il a souligné l'importance de cet événement comme un cadre de réflexion pour les acteurs des frontières, étatiques et non-étatiques, afin de résoudre les problématiques liées à ces zones.
L’idée de la tenue de ce forum s'explique par la nécessité de traiter les problèmes qui affectent les zones frontalières, notamment le manque d'infrastructures socio-économiques, les conflits liés à la transhumance, l’insécurité, la criminalité transfrontalière et le trafic de ressources naturelles.
"Les zones frontalières sont devenues des foyers de criminalité, de terrorisme, de contrebande et de traite des êtres humains", a ajouté M. Konaté. Face à ces défis, il est nécessaire d’apporter des réponses concertées pour stabiliser et sécuriser ces régions tout en promouvant une coopération transfrontalière renforcée.
Cette année, l’ABF 2024 va plus loin en intégrant les questions environnementales dans les échanges. Prof. Ousmane Zina, Président du Comité scientifique, a expliqué que les frontières africaines sont devenues des épicentres des conflits environnementaux en raison des changements climatiques et des pressions exercées sur les ressources naturelles.
"Le changement climatique exacerbe les fragilités déjà présentes aux frontières que sont la désertification, l’épuisement des ressources en eau, les tensions sur les terres agricoles... Ce sont ces questions qui fragilisent les frontières et qui nécessitent des solutions concertées", prévient-il
En effet, les zones frontalières sont souvent les plus touchées par la dégradation de l'environnement, avec des ressources partagées qui deviennent des enjeux majeurs pour les communautés locales et les États. La rareté des ressources naturelles entraîne souvent des conflits pour leur contrôle, alors que les ressources abondantes, telles que les minerais, deviennent la cible des groupes criminels qui exploitent ces richesses à des fins illégales.
"Les frontières africaines sont des lieux de concentration de multiples fragilités : économiques, politiques, sociales, identitaires", a affirmé Prof. Zina, soulignant ainsi la complexité des défis à relever.
Le Forum d’Abidjan de 2024 aura pour mission de proposer des solutions viables pour faire des frontières des espaces de coopération et de développement plutôt que de conflit. Pour ce faire, la CEDEAO, l'Union africaine, ainsi que d'autres organisations internationales et régionales, sont impliquées dans cette initiative pour promouvoir une gestion durable et pacifique des frontières africaines.
L’ABF 2024 verra la participation de près de 5 000 personnes, notamment des représentants de gouvernements, des organisations sous-régionales et internationales, des universitaires, ainsi que des acteurs de la société civile. L’Abidjan Border Forum 2024 ambitionne de faire de la capitale le cœur de la réflexion et de l'action sur la gestion des frontières en Afrique, avec l’objectif de transformer ces espaces en pôles de développement durable et de sécurité collective.
Tous les commentaires 0
CONNECTEZ-VOUS POUR COMMENTER
VIDEOS