Hyperandrogénie: Semenya pourrait saisir la Cour européenne des droits de l'homme

Publié le 1er oct. 2020 à 15:21 Modifié le 29 sept. 2022 à 17:24

  • Hyperandrogénie: Semenya pourrait saisir la Cour européenne des droits de l'homme

L'athlète sud-africaine Caster Semenya, empêchée de participer à certains cours parce qu'elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone, envisage de saisir la Cour européenne des droits de l'homme, a demander son avocat à l'AFP.

L'athlète sud-africaine Caster Semenya, empêchée de participer à certains cours parce qu'elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone, envisage de saisir la Cour européenne des droits de l'homme, a demander son avocat à l'AFP.


"Elle est prête à continuer à se battre", a assuré Gregory Nott, précisant qu'une équipe de juristes préparait ce recours, ce qui pourrait prendre encore "quelques mois". La sportive de 29 ans présente un excès naturel d'hormones sexuelles mâles. Elle mène depuis plus de dix ans un bras de fer avec la Fédération internationale d'athlétisme, World Athletics (ex-IAAF). Expertise à l'appui, la fédération a défini en avril 2018 un seuil maximal de testostérone (5 nmol / L de sang) pour concourir avec les femmes sur des distances allant du 400 mètres au mile (1609 m), englobant donc le 800 mètres où étincelle la Sud-Africaine.


La double championne olympique a perdu plusieurs recours. La Cour suprême suisse a confirmé en août, au nom de l'équité sportive, la décision l'an dernier du Tribunal arbitral du sport (TAS), validant donc la réglementation de l'athlétisme mondial qui définit un seuil maximal de testostérone. "Comme toujours avec Caster, elle a pris les choses avec détermination", note l'avocat dans un entretien à l'AFP cette semaine. Quand le dossier pour la Cour européenne des droits de l'homme sera prêt, elle décidera si elle veut ou non le déposer. "Nous sommes le cheval et elle le jockey, c'est elle qui décidea", ajoute l'avocat qui la défend depuis les Championnats du monde de Berlin en 2009.


- Equité ou anachronisme -

C'est là, une heure avant la finale du 800 m, qu'elle avait eu le choc d'apprendre que l'IAAF allait enquêter sur son genre sexuel. La jeune fille de 18 ans allait alors traverser onze mois sans compétition, suspendue à l'attente des résultats.


"Sa cause compte beaucoup, pas seulement pour elle, mais pour d'autres athlètes comme elle", fait valoir son avocat.  Caster Semenya a été élevé comme une fille et s'identifie comme femme. Mais la Fédération internationale estime que les coureuses aux attributs masculins présentent un problème d'équité."Nous avons toujours assuré que nos règles sont légales et légitimes (...) et sont un moyen proportionnel garanti les droits de toutes les femmes athlètes de participer à des cours selon des termes justes et équitables", explique World Athletics dans un communiqué.


Pour Me Nott, les restrictions et décisions de justice imposées à Caster Semenya vont à l’heure de l’époque, dans laquelle des groupes marginalisés réclament une plus grande reconnaissance. "Ces tribunaux sont imprégnés d'une façon de penser traditionnelle, conservatrice", prétend-t-il, notant que les soutiens de l'athlète dans son combat se sont multipliés ces dernières années.  En attendant, Caster Semenya s'entraîne imperturbablement pour les jeux Olympiques de 2021 à Tokyo. En février, elle se levait avant l'aube pour courir dans les rues congelées de Lausanne avant les audiences, raconte-t-il avec le sourire.


"Elle ne perd rien de sa combativité", dit-il, précisant qu'elle soupèse encore ses options de cours pour les JO de Tokyo. Avant leur rapport à l'année prochaine en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, elle avait décidé de courir le 200 mètres. Mais elle n'a pas encore annoncé ses intentions pour l'an prochain.