Ouverture à Kigali du procès de Paul Rusesabagina, héros du film "Hotel Rwanda"

Publié le 17 févr. 2021 à 12:53 Modifié le 28 sept. 2022 à 10:45

  • Ouverture à Kigali du procès de Paul Rusesabagina, héros du film "Hotel Rwanda"

Le procès de Paul Rusesabagina, héros du film "Hotel Rwanda", s'est ouvert ce mercredi à Kigali, lors d'une séance qui a vu l'ancien hôtelier et ses avocats contester la compétence du tribunal où il est notamment jugé pour terrorisme.

Le procès de Paul Rusesabagina, héros du film "Hotel Rwanda", s'est ouvert ce mercredi à Kigali, lors d'une séance qui a vu l'ancien hôtelier et ses avocats contester la compétence du tribunal où il est notamment jugé pour terrorisme.

 

M. Rusesabagina a été rendu célèbre par ce film hollywoodien sorti en 2004 qui raconte comment l'ancien directeur de l'hôtel des Mille Collines à Kigali, un hutu modéré, a sauvé plus de 1.000 personnes au cours du génocide qui a tué 800.000 personnes, principalement des Tutsis.

 

Paul Rusesabagina vivait en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, pays dont il a obtenu la nationalité. Fin août, il a été arrêté au Rwanda dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu'il pensait être à destination du Burundi.

 

Ses avocats ont accusé le régime rwandais de l'avoir fait "enlever". L'ONG Human Rights Watch (HRW) a également dénoncé une "disparition forcée". Paul Rusesabagina est visé par 13 chefs d'accusation, dont ceux de terrorisme, meurtre et financement de rébellion. Il comparaît avec 20 autres personnes. 

 

A l'ouverture du procès, Paul Rusesabagina et ses avocats ont contesté la compétence du tribunal. Appelé à la barre pour s'identifier, il a fait valoir sa nationalité belge. "Je vais le répéter, comme je l'ai déjà dit de nombreuses fois. Je ne suis pas Rwandais. Je suis Belge. Le dossier devrait le mentionner", a-t-il déclaré, vêtu d'un masque chirurgical et de l'uniforme de couleur rose des prévenus.

 

"Si un citoyen belge est expulsé légalement vers le Rwanda, il peut être jugé sur place. Mais est-ce ce qui s'est passé ? Il faut examiner la manière dont il a été arrêté, parce qu'elle n'est pas conforme à la loi", a déclaré son avocat Gatera Gashaba. 

 

Le procureur Bonaventure Ruberwa a, lui, souligné la nationalité rwandaise des parents de M. Rusesabagina et ajouté que ce dernier n'avait jamais renoncé à sa citoyenneté. "Il a été signalé à une autorité belge comme un Rwandais, détenant également la double nationalité belge. Le tribunal devrait donc ignorer sa demande", a-t-il estimé.

 

Paul Rusesabagina s'était vu refuser une libération sous caution, qu'il avait demandée en raison de problèmes de santé. Lors d'une audience devant la justice rwandaise fin septembre, il a admis avoir participé à la création d'un groupe rebelle, les Forces de libération nationale (FNL), considéré comme terroriste par Kigali. Mais il a nié toute implication dans leurs crimes.

 

Ce procès a suscité de nombreuses réactions internationales. Les Etats-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, ont demandé qu'il ait un procès équitable et le parlement européen a demandé sa libération.