Tchad : le parlement de transition vote la confiance au nouveau Premier ministre

Publié le 19 janv. 2024 à 19:54

  • Tchad : le parlement de transition vote la confiance au nouveau Premier ministre

Les députés du parlement de transition nommés au Tchad par le général Mahamat Idriss Déby Itno, chef du régime militaire, ont voté massivement vendredi la confiance au nouveau Premier ministre et ancien opposant Succès Masra.

M. Masra, un économiste de 40 ans, est rentré d'exil début novembre pour rallier le régime militaire après avoir été le fer de lance de l'opposition non armée aux Déby père et fils. Il a été nommé Premier ministre le 1er janvier.

Le programme de son Gouvernement de transition, présenté dans un long discours jeudi, a recueilli vendredi, après d'interminables séances de questions, 95,4% des suffrages au vote de confiance des 173 députés présents du Conseil national de Transition, qui tient lieu de Parlement, selon les résultats affichés en direct par la télévision d'Etat Télé Tchad.

M. Masra a réitéré la promesse du général Déby d'élections présidentielle et législatives "dans les délais impartis", avant le 20 octobre 2024 et la fin de la transition, mais sans fixer de date.

Il a dressé une très longue liste de promesses, assorties parfois d'annonces de budgets qui y seront consacrés: une "obligation de rendre des comptes aux citoyens", une gestion du pays "en bons pères et bonnes mères de famille", une "justice indépendante", un budget augmenté de 19% pour une "école, cause sacrée de la République", ou encore une "égalité d'accès aux soins" dans un système de Santé "de référence" à bâtir en deux ans.

A 37 ans, Mahamat Déby avait été proclamé par l'armée le 20 avril 2021 président de transition à la tête d'une junte de 15 généraux, après la mort de son père Idriss Déby Itno, tué en se rendant au front contre des rebelles après avoir dirigé le Tchad d'une main de fer trente années durant.

Son fils a aussitôt promis de "rendre le pouvoir aux civils" par des élections après une transition de 18 mois, qu'il a ensuite prolongée de deux ans. Samedi, le parti dominant fondé par son père l'a désigné candidat pour la prochaine présidentielle.

M. Masra est rentré d'exil le 3 novembre après un accord de réconciliation avec le pouvoir. Puis a appelé ses partisans à voter oui au référendum du 17 décembre qui a accouché d'une nouvelle Constitution autorisant notamment le général Déby à se présenter à la présidentielle.

L'ex-opposant avait fui en exil après la très violente répression d'une manifestation contre la junte à laquelle son parti, Les Transformateurs, avait appelé le 20 octobre 2022: des centaines de jeunes, selon des ONG nationales et internationales et experts mandatés par l'ONU, avaient été tués par balles par l'armée et la police.

Puis plus d'un millier avaient été arrêtés et des centaines condamnés à de la prison ferme pour "insurrection", en l'absence d'avocats. Avant d'être graciés et libérés.

Les ONG internationales et nationales avaient évoqué aussi des "tortures" et des dizaines ou centaines de disparitions forcées.

En invoquant une "pensée pieuse" pour "tous les martyrs de toutes les crises", dont "celle du 20 octobre 2022" et "le Maréchal" Idriss Déby, M. Masra s'était agenouillé jeudi devant les députés pour "demander pardon au nom des gouvernements présent "et antérieurs" pour toutes les "fautes" commises depuis l'indépendance du Tchad de la France en 1960.