Grèce: polémique autour d'une oeuvre d'art dénonçant les féminicides et retirée d'une exposition

Publié le 20 déc. 2023 à 14:16

  • Grèce: polémique autour d'une oeuvre d'art dénonçant les féminicides et retirée d'une exposition

Crédit Photo : Autre Presse

Le ministre grec des Affaires étrangères George Gerapetritis était mercredi sous le feu des critiques après avoir décidé de faire retirer une œuvre d'art évoquant à travers un drapeau grec rose les violences faites aux femmes et les fémicides d'une exposition au consulat grec de New York.

"Mon oeuvre +Flag+ a été censurée par le ministère grec des Affaires étrangères", a déploré sur son site internet Georgia Lale, une artiste gréco-américaine expliquant que son travail aborde les féminicides et la violence domestique.

Composée de draps de lit, offerts par des femmes vivant en Grèce, l’œuvre symbolise le drapeau grec en bandes roses et rouges au lieu des couleurs traditionnelles bleue et blanche.

Le chef de la diplomatie a expliqué que l’œuvre "n'a pas été exposée dans un musée ou une galerie mais dans le consulat grec, le noyau dur de l’État" qui doit préserver "la neutralité de l'espace" et "l'intégralité" des symboles nationaux.

"Je soutiens toute forme de liberté d'expression et évidemment le message contre la violence sexiste mais le consulat (...) doit assurer la neutralité", a-t-il insisté mercredi sur les ondes de la radio Skaï.

L'extrême droite s'est est pris dimanche au parlement à l'oeuvre de Georgia Lale.

Dans un pays chatouilleux sur les questions d'identité nationale, Dimitris Natsios, le chef du parti nationaliste grec Niki (Victoire) a déploré que le drapeau grec soit devenu "un chiffon" dans cette oeuvre.

Inaugurée le 15 décembre, l'exposition de l'artiste qui comprenait également un second tableau, "un tissu illustrant 22 maisons où des féminicides ont été perpétrés en Grèce en 2022", a été définitivement annulée.

Selon un récent rapport officiel, au total 24 féminicides ont été répertoriés en 2022 en Grèce où plusieurs cas ont été largement médiatisés ces derniers mois, quatre fois plus qu'en 2012.

Sur les réseaux sociaux, le retrait de "Flag" a soulevé de nombreuses critiques, notamment des mouvements féministes mais aussi au sein du gouvernement conservateur.

"Nous devons comprendre la liberté d'expression artistique", a affirmé Dimitris Kairidis, le ministre des Migrations.

La ministre de la Culture Lina Mendoni a également jugé "à titre personnel" qu'une oeuvre d'art "ne devait pas être censurée".

Le centre féministe Diotima a accusé le gouvernement de "censure", soulignant que l'oeuvre avait été prise pour "cible par l'extrême droite".