Procès Trump: verdict retardé, le Sénat va appeler des témoins

Publié le 13 févr. 2021 à 16:56 Modifié le 16 sept. 2022 à 19:11

  • Procès Trump: verdict retardé, le Sénat va appeler des témoins

AFP

Le Sénat s'est prononcé pour la convocation de témoins samedi au procès de l'ex-président américain Donald Trump, un développement surprise qui pourrait en retarder le verdict. L'issue qui semblait la plus probable, un acquittement rapide du milliardaire dans la journée grâce au soutien d'une forte majorité des élus républicains, est ainsi remise en cause. Et la plus grande confusion régnait sur la longueur du délai, tant les mécanismes parlementaires de ces procès en destitution sont rares et

Le Sénat s'est prononcé pour la convocation de témoins samedi au procès de l'ex-président américain Donald Trump, un développement surprise qui pourrait en retarder le verdict.

L'issue qui semblait la plus probable, un acquittement rapide du milliardaire dans la journée grâce au soutien d'une forte majorité des élus républicains, est ainsi remise en cause. Et la plus grande confusion régnait sur la longueur du délai, tant les mécanismes parlementaires de ces procès en destitution sont rares et complexes.  


Donald Trump est jugé dans cette procédure de destitution car les démocrates veulent qu'il soit reconnu coupable d'"incitation à l'insurrection". Puis qu'il soit rendu inéligible.

Pour eux, il est le responsable principal des événements du 6 janvier, lorsqu'une foule de ses partisans en colère avait envahi le Capitole, au moment où le Congrès américain s'apprêtait à confirmer sa défaite à l'élection du 3 novembre.


Les sénateurs ont repris leurs débats comme prévu samedi à 10H00 (15H00 GMT). 

Le chef de l'équipe des élus démocrates de la Chambre menant l'accusation, Jamie Raskin, a alors immédiatement annoncé son intention de convoquer un témoin. Sa requête a été dans la foulée confirmée par un vote soutenu par les 50 démocrates et 5 sénateurs républicains.


Les démocrates veulent entendre une élue républicaine de la Chambre des représentants, Jaime Herrera Beutler, qui a révélé vendredi soir dans la presse et sur Twitter la teneur d'une conversation téléphonique entre un autre élu et Donald Trump le 6 janvier.


- "Plus en colère que vous" -


Alors que les parlementaires se cachaient pour échapper aux émeutiers, Donald Trump aurait éconduit le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy, qui lui demandait d'appeler ses partisans à cesser les violences: "Eh bien, Kevin, j'imagine que ces gens sont plus en colère que vous à propos de l'élection."


Le coup de théâtre a bouleversé l'ordonnancement du procès que démocrates et républicains, pour des raisons différentes, semblaient vouloir boucler rapidement. Le président Joe Biden voudrait en particulier que le Sénat soit disponible pour voter ses textes prioritaires, comme un ambitieux plan de soutien à l'économie.


Très discret jusqu'ici, le très influent chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, avait fait savoir quelques instants auparavant qu'il voterait l'acquittement de Donald Trump, après avoir laissé planer le suspense sur sa décision pendant plusieurs semaines.


C'est "une décision difficile" mais "je voterai pour acquitter", a-t-il écrit dans une note transmise à ses collègues.


Pour Donald Trump, il s'agirait d'un deuxième acquittement en autant de procédures de destitution. Un cas unique dans l'Histoire des Etats-Unis.


Les règles du procès lui sont favorables. Il faudrait que 17 sénateurs républicains votent avec les 50 élus démocrates pour former la majorité qualifiée nécessaire pour le déclarer coupable, un verdict qui ouvrirait la voie à une peine d'inéligibilité. 


- "La mèche" -


Depuis le début des débats, les élus de la Chambre des représentants, chargés de porter l'accusation contre l'ancien magnat de l'immobilier, ont déroulé un exposé implacable des faits.


Mêlant vidéos choc des violences et extraits choisis des diatribes présidentielles, ils ont accusé Donald Trump d'avoir renoncé à son rôle de "commandant-en-chef" pour se glisser dans les habits d'"incitateur-en-chef".


Selon eux, il a "attisé la hargne" de ses partisans pendant des mois avec un "grand mensonge": en se présentant comme la victime d'une élection "volée", par des "fraudes" dont il n'a jamais apporté la preuve.

Et le 6 janvier, au moment où les élus du Congrès certifiaient la victoire de Joe Biden, il "a allumé la mèche", ont-ils dit, en leur lançant: "Battez-vous comme des diables".


Une fois l'assaut en cours, il a attendu de longues heures avant d'appeler ses sympathisants à "rentrer chez eux", délaissant, selon les procureurs démocrates, son serment de protéger les institutions. Au final, cinq personnes sont mortes, et des centaines ont été blessées ou traumatisées, ont-ils estimé.


- "Injuste" -


Vendredi, les avocats du 45e président des Etats-Unis ont contre-attaqué dans un argumentaire concis - trois heures - et musclé.

Selon eux, l'attaque était "horrible" mais le procès est "injuste": c'est un acte "de vengeance politique" destiné "à interdire les discours que la majorité n'aime pas", ont-il lancé.

Dégainant à leur tour des vidéos soigneusement éditées, ils ont assuré que le champ lexical combatif de Donald Trump s'inscrivait dans une "rhétorique politique ordinaire", utilisée à gauche comme à droite et protégée par le Premier amendement de la Constitution qui garantit la liberté d'expression.


Ils ont notamment projeté un film d'une dizaine de minutes, dans lequel toutes les figures du parti démocrate, y compris Joe Biden, promettent de "se battre" sur tous les tons.

La défense a également jugé "absurde" de lier les violences au discours du 6 janvier, soulignant que Donald Trump avait appelé ses partisans à marcher "de manière pacifique et patriote" sur le Capitole. 

Le coup de force "avait été planifié à l'avance" par des "criminels" et ne peut pas être imputé au président, ont-ils encore plaidé.