La trêve entre Israël et le Hamas prolongée, attaque meurtrière à Jérusalem

Publié le 30 nov. 2023 à 07:24

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Crédit Photo : Autre Presse

La trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a été prolongée in extremis jeudi pour un septième jour, qui devrait voir la libération de nouveaux otages contre celle de prisonniers palestiniens.

La matinée a cependant été marquée par une attaque à l'arme à feu menée par deux "terroristes" contre un arrêt de bus à Jérusalem lors de laquelle deux personnes ont été tuées et huit blessées, dont cinq grièvement, selon la police israélienne. Les deux assaillants ont été "neutralisés".

La trêve était entrée en vigueur le 24 novembre après sept semaines de bombardements israéliens sur la bande de Gaza menés en représailles à une attaque sanglante sans précédent du Hamas sur le sol israélien lancée depuis le territoire palestinien.

Quelque 240 personnes avaient été prises en otage lors de cette attaque du 7 octobre et emmenées dans la bande de Gaza, selon Israël.

A quelques minutes de l'expiration de la trêve, jeudi à 05H00 GMT, l'armée israélienne a annoncé sur X (ex-Twitter) que "la pause opérationnelle va continuer à la lumière des efforts des médiateurs pour poursuivre le processus de libération des personnes enlevées", après un sixième échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens dans la nuit.

"Conformément aux termes de l'accord, Israël a reçu il y a peu de temps une liste [de noms] de femmes et d'enfants", a indiqué peu après un communiqué du bureau du Premier ministre, sans préciser le nombre de ces otages devant être libérés.

Le Hamas a annoncé aussi que la trêve allait continuer pour un "septième jour", ce qu'a confirmé ensuite le Qatar, principal médiateur avec le soutien des Etats-Unis et de l'Egypte.

La trêve, entrée en vigueur vendredi pour quatre jours puis prolongée de deux, a déjà permis la libération de 70 otages israéliens et de 210 prisonniers palestiniens.

En outre, une trentaine d'étrangers ou bi-nationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont été libérés hors du cadre de cet accord.

La trêve a aussi permis l'entrée de centaine de camions d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par les bombardements israéliens.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé jeudi tôt en Israël, où il doit rencontrer notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour faire pression en vue d'une prolongation de la trêve, avant de se rendre en Cisjordanie occupée.

"Dans les prochains jours, nous serons focalisés sur la manière de faire ce que l'on peut pour prolonger la pause afin que nous puissions continuer à faire sortir plus d'otages et à faire entrer plus d'aide", avait-il déclaré mercredi en marge d'une réunion de l'Otan à Bruxelles.

- Seize nouveaux otages libérés -

Le sixième échange de prisonniers palestiniens contre des otages du Hamas a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi.

Dix otages israéliens, dont cinq binationaux (un Néerlandais, trois Allemands et un Américain), ainsi que deux Russes et quatre Thaïlandais ont été remis par le Hamas au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), avant d'être conduits en Israël.

En échange, trente Palestiniens (16 mineurs et 14 femmes) détenus dans plusieurs prisons israéliennes ont ensuite été libérés.

Parmi les personnes libérées figure Ahed Tamimi, une militante de 22 ans, icône de la lutte contre l'occupation israélienne.

Elle avait été arrêtée le 6 novembre pour une publication sur Instagram qui, selon des sources israéliennes, appelait au massacre des Israéliens et faisait référence à Hitler.

Sa mère Narimane, dont le mari a également été arrêté, a affirmé qu'Ahed n'était pas l'auteur de cette publication, ses comptes sur les réseaux sociaux étant systématiquement bloqués par Israël.

- Heurts devant la prison -

Les prisonniers libérés ont été accueillis avec joie en Cisjordanie. Mais des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à l'extérieur de la prison d'Ofer, près de Ramallah. Selon le Croissant Rouge palestinien, cinq personnes ont été blessées, dont une grièvement, par des tirs à balles réelles.

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La guerre a commencé le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont lancé une attaque en Israël, d'une ampleur inédite. Environ 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées.

En représailles, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, pilonnant le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu'à la trêve du 24 novembre. D'après le gouvernement du Hamas, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées dans les frappes israéliennes.

L'accord de cessez-le-feu temporaire a accéléré l'entrée de l'aide humanitaire, qui arrivait auparavant au compte-gouttes. Mais "le volume d'aide qui parvient aux Palestiniens à Gaza est toujours totalement insuffisant", a dénoncé mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

"Nous pensons que nous avons besoin d'un véritable cessez-le-feu humanitaire", a-t-il plaidé.

"La population de Gaza vit au milieu d'une catastrophe humanitaire monumentale, sous les yeux du monde. Nous ne devons pas détourner les yeux", a martelé le chef de l'ONU.

Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, la bande de Gaza a été placée le 9 octobre en état de siège total par Israël.

Selon l'ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits.

- "J'aurais souhaité mourir" -

Des milliers de déplacés ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord de la bande de Gaza, la partie du territoire la plus dévastée, ignorant l'interdiction de l'armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

"Si j'avais su que la vie dans le sud serait ainsi, je ne serais pas partie, j'aurais souhaité mourir, cela aurait été mieux que la situation dans laquelle je vis maintenant", confie à l'AFP Waed Taha, une Palestinienne qui a quitté au bout de deux semaines de guerre son logement dans "une zone considérée comme très dangereuse" dans le nord de la bande de Gaza.

"Après mon arrivée à Khan Younès et au camp, je suis restée toute une journée en état de choc, sans parler, après avoir vu les tentes. Nous voyons les photos et les images de la Nakba de 1948 à la télévision, mais (maintenant) je les vois pour de vrai", poursuit-elle.

La "Nakba" ("Catastrophe") fait référence aux 760.000 Palestiniens poussés à l'exil après la création d'Israël en 1948.

"La vie ici est très dure", poursuit-elle, évoquant des "querelles quotidiennes" entre déplacés et les "maladies qui se répandent".