Gabon : une révolution de palais

Publié le 9 oct. 2023 à 16:48

  • Gabon : une révolution de palais

"Il faut situer les choses dans leur contexte. D'abord ce n'est pas un coup d'État, c'est une révolution de palais. Oligui N'guema est le cousin d'Ali Bongo. Les Bongo ont trouvé qu'il fallait mettre Ali de côté pour poursuivre effectivement le système Bongo... derrière tout ceci se trouve Pascaline Bongo".

C'est en ces mots sans équivoque ni faux-fuyants que les suspicions qui déjà pesaient sur les véritables raisons derrière la prise de pouvoir de l'armée au Gabon, ont été confirmées par le Pr. Albert Ondo Ossa, chef de file de l'opposition de ce petit Etat (de par sa taille) de l’Afrique centrale.

Les bruits qui courent racontent en effet que le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, commandant de la garde républicaine et nouvel homme fort du pays et président de la transition, ne serait ni plus ni moins qu'un puissant oligarque, membre du cercle Bongo.

Le général Oligui pour ne pas le nommer, ne fait cependant pas l'unanimité dans l'opinion publique gabonaise qui, suspicieuse, lui reproche son affairisme effréné et sa participation supposée à de multiples détournements de fonds.

Il serait propriétaire, dit-on selon une enquête de 2020 de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), de plusieurs propriétés aux USA pour une valeur de plus d’un million de dollars.

En 2018, toujours selon cette même source, il aurait acheté et payé en espèces, une propriété à Silver Spring dans le Maryland d'un montant de US$ 447.000.

Ces faits, mis bout à bout dans un contexte nouveau pour le pays, étayent l'idée d'un complot interne ourdi par le clan Bongo lui-même et décrédibilisent le rôle de l'armée en jetant le discrédit et la suspicion sur ce que les gabonais appellent désormais un "auto coup d'état" orchestré pour conserver le pouvoir au détriment du candidat issu des urnes.

Cette théorie, admise désormais par beaucoup d'observateurs, pourrait expliquer les curieuses félicitations aux putschistes lancées, via sa page Facebook, par Malika Bongo Pereira, fille ainée du président déchu et épouse du magnat du pétrole gabonais, Jules Pereira.

Ali sacrifié ? Théorie du complot ou stratégie politique ?

 La suite des évènements depuis la prise du pouvoir de l’armée, saura nous fixer sur les intentions réelles des putschistes desquels, il est attendu qu'ils déclarent vainqueur des élections le candidat véritablement issu des urnes, à défaut de faire reprendre la reine des élections, à savoir la présidentielle.

Avec cette fois-ci, une nouvelle donne, l’absence d’une figure tutélaire du clan bongo et partant du Parti démocratique gabonais (PDG) formation politique dont les origines remontent aux tout premiers jours de l'indépendance et fondée en 1953 sous le nom de Bloc démocratique gabonais avant de prendre son nom actuel en 1968.

L'avenir immédiat du Gabon en dépend mais, connaissant la mentalité des militaires en matière de prise de pouvoir, croisons les doigts...et les orteils aussi.