Cette approche - prégnante dans d'autres filières comme le cacao, le coton et le café - offre des revenus modestes, contrairement à la transformation agro-industrielle qui lui permettrait de renforcer sa position sur un marché mondial de 7 milliards de dollars. Pour réussir cette transition, la Côte d’Ivoire doit néanmoins s’appuyer sur des chaînes logistiques efficaces et intégrées, notamment grâce à la technologie.
Alors que la Côte d’Ivoire est engagée dans une phase d'industrialisation renforcée, l'accent porte aujourd’hui sur le développement de l'agro-industrie. Dans cette optique, ont émergé des plateformes telle que la zone de transformation de l'anacarde de Korhogo, inaugurée en septembre dernier et financé à hauteur de 73 milliards FCFA.
Néanmoins, cette dynamique est étroitement liée à l'expansion et à l'amélioration de la logistique. Car la mise en place de ces unités de transformation nécessite, par exemple, un réseau routier efficace pour faciliter l'accès aux marchés, tant locaux qu'internationaux.
À ce titre, notons que le pays a réalisé d'importants progrès au cours des dernières années. Pour rappel, le réseau routier ivoirien compte aujourd’hui plus de 80 000 km de routes, dont plusieurs récemment réhabilitées ou construites : Tiéningboué-Mankono (60 km), Boundiali-Odienné (134 km), Daloa-Issia (57km), Yamoussoukro-Bouaflé-Daloa (135 km) ou encore Ferkessédougou-Ouangolo (46 km). Toutes contribuent à mieux connecter ces importants bassins de production agricole tandis que l’autoroute régionale, qui relie la Côte d’Ivoire au Nigéria, permettra aux produits ivoiriens d’être commercialisés jusqu’à Lagos.
Mais malgré ces avancées, des défis persistent : retards de livraison, coûts élevés, réseaux insuffisants, infrastructures dégradées, procédures informelles… Au point où la Banque mondiale place encore la Côte d’Ivoire au bas de son classement en matière de logistique.
Or, ces écueils justifient une réflexion sur les pistes de modernisation des chaînes logistiques ivoiriennes, et africaines de manière plus large - une priorité dans la mesure où l'efficacité logistique est un levier de compétitivité et de développement.
En effet, la sécurisation et l'organisation des chaînes logistiques sont particulièrement cruciales pour garantir un approvisionnement fluide depuis les zones de production jusqu'aux centres de transformation ; spécialement pour les filières à cycle court comme celle de l'anacarde, où le temps est un facteur clé de succès. Face à ces enjeux, l'innovation technologique apparaît comme une solution prometteuse.
Des entreprises, telles que Chargel, offrent aujourd’hui des solutions numériques destinées à optimiser les chaînes logistiques. Ces technologies, qui incluent des plateformes de gestion avancée et de surveillance par satellite, jouent un rôle transformateur en permettant une identification rapide des dysfonctionnements, une réduction significative des coûts et des délais, et une meilleure collaboration entre les différents acteurs de la chaîne.
Elles peuvent également transformer la logistique ivoirienne en un pilier de la croissance économique, en renforçant la résilience des secteurs clés face aux imprévus. Par exemple, l'adoption de systèmes de traçabilité avancés et d'outils de prévision basés sur l'analyse de données aiderait à anticiper les fluctuations de la demande et à ajuster la production en conséquence, assurant une stabilité des revenus pour les producteurs.
Enfin, ces outils ouvrent la voie à une meilleure intégration dans les dynamiques commerciales régionales. À cet égard, le développement d'infrastructures intelligentes et interconnectées faciliterait considérablement les échanges transfrontaliers qu’appelle de ses vœux l’Union africaine avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Il est donc clair que le renforcement des capacités logistiques par le biais de l'innovation ne représente pas seulement un enjeu de compétitivité pour la Côte d'Ivoire ; mais aussi une pierre angulaire pour la réalisation d'une vision panafricaine, où des échanges fluides contribuent à un développement inclusif, via la réalisation d'un marché continental intégré, dynamique et prospère.
Moustapha Ndoye, CEO et Co-fondateur de Chargel
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