Développement du numérique : les sept piliers de la stratégie nationale ivoirienne

Publié le 22 févr. 2024 à 16:12

  • Développement du numérique : les sept piliers de la stratégie nationale ivoirienne

Crédit photo : Autre presse

Le gouvernement ivoirien a annoncé à la sortie du conseil des ministres du 22 décembre 2021, avoir adopté la stratégie nationale de développement du numérique sur la période 2021-2025 pour un investissement de 2 000 milliards de FCFA pour la mise en œuvre de cette stratégie. Au total, 32 réformes et 96 projets seront nécessaires pour la mise en œuvre effective de cette politique. Gros plan sur les principaux axes des 7 piliers de cette stratégie nationale de développement du numérique.

La Côte d’Ivoire ambitionne de devenir le Hub Digital de l’Afrique de l’Ouest. Et pour atteindre cet objectif, l’Etat ivoirien a élaboré une stratégie nationale de développement du numérique à l’horizon 2025. Élaborée sous la houlette du ministère de l’Economie Numérique et adoptée en Conseil des Ministres, cette politique va nécessiter l’adoption de 32 réformes et la réalisation de 96 projets sur la période 2021-2025, pour un investissement de 2 000 milliards francs CFA, de la part du Gouvernement ivoirien.

Cette stratégie nationale s’articule autour de sept piliers fondamentaux qui permettront d’impulser la croissance économique du pays, notamment par la généralisation de l’usage du numérique, l’amélioration de la productivité des administrations et des entreprises privées, et la création d’un volume important d’emplois directs et indirects.

Les infrastructures numériques en ligne de mire

Les "Infrastructures numériques" représentent le pilier stratégique de cette politique nationale qui a pour objectif de déployer une infrastructure numérique capable de fournir un accès abordable et inclusif aux services numériques à haut et très haut débit pour tous, sur le territoire national.

Selon les initiateurs de cette stratégie, cette volonté gouvernementale s’appuie sur un ensemble de réformes et de projets qui sont, pour certaines, déjà en cours de réalisation.

En effet, la mise en œuvre de ces réformes ainsi que la réalisation des projets, contribueront à coup sûr et cela de manière significative, à l’accroissement de la maturité numérique de la Côte d’Ivoire.

Ces réformes au nombre de 11, ambitionnent de réduire dans l’ensemble, la fracture numérique territoriale en matière de réseaux à haut et très haut débit, le renforcement de la concurrence sur le marché de détail du haut débit fixe et la mise en place de dispositifs légaux et réglementaires. Cela permettra vulgariser les techniques de l’information et de la communication (TIC) à travers l’inclusion numérique, tout ceci pour parvenir à un développement contrôlé ainsi qu’une meilleure régulation du secteur.

La couverture du territoire national par les réseaux numériques, l’Internet à haut et très haut débit devrait permettre de réduire l’écart entre les zones urbaines et rurales, et permettre à l’ensemble des populations de bénéficier d’un meilleur niveau de service ; elle fournira aux entreprises, les moyens de booster leur compétitivité et augmenter la productivité de l’administration.

Les services numériques pour favoriser l’inclusion sociale

Les services numériques recherchent à faciliter la mise en place d’une administration connectée au service des citoyens et des entreprises ainsi que la diffusion des services numériques inclusifs dans les secteurs économiques prioritaires. Pour atteindre cet objectif, sept réformes et une trentaine de projets devront être engagés et réalisés.

L’actualisation du code postal et l’élaboration d’un plan directeur de rationalisation des plateformes et d’infrastructures numériques publiques figurent au rang des objectifs prioritaires.

Par ailleurs, il sera nécessaire d’adopter une norme d’accessibilité aux contenus numériques, de créer un cadre réglementaire favorisant le développement et le financement de l’entreprenariat féminin, sont entre autres les réformes envisagées pour la mise en place des services numériques.

En ce qui concerne les projets, il faut noter qu’ils s’énoncent en trois grandes orientations que sont : le renforcement de la capacité technique et opérationnelle de l’Administration, la Dématérialisation des procédures administratives et l'accélération de la transformation numérique dans les secteurs prioritaires

L'exécution des différentes réformes et projets identifiés sous ce pilier va permettre, de façon concrète, la dématérialisation des procédures administratives, l’amélioration de la productivité de l’administration avec une réduction des coûts et des délais des transactions et opérations administratives.

Le plan d’action prévoit de surcroît l’utilisation des TIC pour accroître la productivité dans les secteurs économiques prioritaires et favoriser l’inclusion des personnes en situation d’handicap dans la société.

Les compétences numériques, une nécessité

L’orientation sur "les compétences numériques" ambitionne le développement des compétences numériques par le renforcement de la formation professionnelle et l’opérationnalisation des compétences acquises pour impulser la créativité et les innovations.

Le Plan d’action intègre l’introduction rapide du numérique comme objet d’apprentissage dans les curricula de formation et sa généralisation au cycle supérieur comme prérequis pour disposer des capacités d’adaptation et atteindre les performances attendues de l’économie numérique.

La définition de lignes directrices de développement des compétences numériques générales et spécialisées dans les politiques d’éducation, de systèmes d’apprentissage public-privé et industriel en mettant l’accent, sur la parité du genre et l’équité spatiale, la mise à jour du référentiel des métiers du numérique pour une meilleure employabilité des diplômés, sont les réformes liées à cet axe des compétences numériques.  

Pour l’axe des compétences numériques, il est prévu 27 projets regroupés en trois orientations, à savoir, répondre à la demande de compétences du marché du numérique, sensibiliser et former à la cybersécurité et renforcer les compétences numériques de la population.

Selon le ministère de l’économie numérique, la prise en compte des nouveaux métiers et de l’évolution de la demande en compétences spécialisées des entreprises du secteur de l’économie numérique passe par une participation plus marquée des entreprises dans la définition des contenus des curricula et dans l’encadrement des futurs diplômés.

En définitive, les réformes et projets identifiés sous le pilier stratégique "Compétences numériques" permettront de combler le déficit de compétences dont l’économie numérique a besoin pour son développement.

En outre, les compétences des populations pour une utilisation accrue et responsable des technologies numériques seront améliorées.

La cybersécurité et la confiance numérique comme finalité

L’objectif affiché de ce pilier stratégique est de renforcer la sécurité des infrastructures techniques afin d’assurer leur disponibilité et garantir l’intégrité, la confidentialité et l’authenticité des données qui circulent dans le cyberespace ivoirien. 

Les réformes relatives à la cybersécurité visent principalement : l’optimisation du cadre légal, l’institution d’une autorité en charge de la cybersécurité et ’intégration des dispositifs internationaux sur la cybersécurité.

Le renforcement de la confiance des utilisateurs du cyberespace ivoirien en élaborant une stratégie de protection des données pour protéger le cyberespace, les systèmes d’information nationaux et les infrastructures critiques.

Ces réformes sont accompagnées par 21 projets sur relatifs la cybersécurité selon trois grandes orientations qui sont l’Amélioration des capacités de détection et de réponse aux incidents de cybersécurité en vue de protéger le cyberespace, le renforcement de la confiance des utilisateurs dans l’utilisation des services et transactions en ligne et le renforcement de la coopération nationale et internationale en matière de cybersécurité.

De manière spécifique, le plan d’action vise à préserver la souveraineté numérique de la Côte d’Ivoire sur le cyberespace international en assurant sa protection par des mesures à la fois légales, organisationnelles et opérationnelles pour apporter une réponse coordonnée en cas d’incidents et prévenir les crises éventuelles.  

Les réformes et projets liés à cet axe stratégique traduisent la volonté du gouvernement ivoirien de positionner la cybersécurité comme une priorité avec un renforcement du dispositif et de la gouvernance en vue d’améliorer la coordination des interventions en la matière. 

Cet article a été produit dans le cadre de la bourse de journalisme sur les infrastructures numériques publiques (IPN) organisée par la Fondation des Médias pour l'Afrique de l’Ouest et Co-Develop.