Tchad: le gouvernement interdit de nouvelles manifestations de l'opposition

Publié le 12 févr. 2021 à 17:16 Modifié le 26 sept. 2022 à 02:45

  • Tchad: le gouvernement interdit de nouvelles manifestations de l'opposition

Le gouvernement tchadien a à nouveau interdit vendredi les manifestations de l'opposition réclamant "plus de justice sociale" et "l'alternance au pouvoir", à deux mois de la présidentielle dont le grand favori est le sortant Idriss Déby Itno.

Le gouvernement tchadien a à nouveau interdit vendredi les manifestations de l'opposition réclamant "plus de justice sociale" et "l'alternance au pouvoir", à deux mois de la présidentielle dont le grand favori est le sortant Idriss Déby Itno.

 

"Les marches et sit-in" organisés par plusieurs associations de la société civile et le parti d'opposition Les Transformateurs, "prévues les 13, 15 et 16 février 2021 à N'Djamena et dans les provinces sont strictement interdits" car "susceptibles d'occasionner des troubles à l'ordre public", a indiqué Djimet Arabi, le ministre de la Justice dans un arrêté.

 

Plusieurs partis d'opposition, notamment l'UNDR dirigé par Saleh Kebzabo, arrivé deuxième à la présidentielle de 2016 avec 12,8% des voix, ont appelé à se joindre aux marches de samedi. 

Le samedi précédent, 6 février, jour de l'investiture de M. Deby comme candidat par son parti, la police a dispersé manu militari tout début de défilés, déjà préalablement interdits pour les mêmes motifs.

 

Plusieurs personnes ont été arrêtées, dont une figure de la société civile, Mahamat Nour Ahmed Ibedou, secrétaire général de Convention tchadienne de défense des Droits humains (CTDDH) et farouche critique du régime.

 

Outre M. Ibedou, 13 autres personnes en détention préventive, sont jugées vendredi pour "trouble à l'ordre public, coups et blessures volontaires et destruction de biens".

 

Les interdictions "depuis trois mois" par les autorités de manifestations "sur le territoire entier (...) sont des restrictions non nécessaires et disproportionnées du droit à la liberté de réunion pacifique", a déclaré mardi dans un communiqué Abdoulaye Diarra, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International, dénonçant également des "arrestations arbitraires". 

 

"Tout cela confirme un rétrécissement de l’espace civique au Tchad à l’approche des élections", a-t-il ajouté.

Le leader du parti Les Transformateurs, Succès Masra, l'un des opposants les plus virulents au régime de M. Déby, qui s'était réfugié le 6 février avec 10 de ses partisans dans l'enceinte de l'ambassade des Etats-Unis pour échapper à des policiers, s'y trouvait toujours vendredi, selon celle-ci.

 

Alors que ses partisans en sont progressivement tous sortis, l'ambassade lui avait demandé jeudi de quitter les lieux, ajoutant avoir "reçu l'assurance du gouvernement tchadien que le Dr. Masra ne serait pas arrêté s'il quittait l'ambassade et qu'il serait autorisé à rentrer chez lui sans entrave".

 

L'élection présidentielle aura lieu le 11 avril au Tchad et les élections législatives, maintes fois repoussées depuis cinq ans, ont été fixées au 24 octobre 2021.