Soudan du Sud : la capitale Juba sous haute surveillance avant une manifestation interdite

Publié le 30 août 2021 à 09:29 Modifié le 8 sept. 2022 à 11:58

  • Soudan du Sud : la capitale Juba sous haute surveillance avant une manifestation interdite

Les forces de sécurité patrouillaient lundi matin dans Juba, la capitale du Soudan du Sud, où de nombreux magasins étaient fermés, avant une manifestation déclarée illégale par les autorités prévue plus tard dans la journée.

Les forces de sécurité patrouillaient lundi matin dans Juba, la capitale du Soudan du Sud, où de nombreux magasins étaient fermés, avant une manifestation déclarée illégale par les autorités prévue plus tard dans la journée. 


Une coalition de groupes de la société civile a appelé à manifester contre le gouvernement du plus jeune pays du monde, en proie à la violence, à la famine et à une profonde crise économique depuis son indépendance en 2011.


Cette journée de contestation se tient le même jour que l'inauguration du Parlement dit "reconstitué", une des conditions-clés de l'accord de paix qui a mis fin en 2018 à cinq ans d'une sanglante guerre civile, qui a fait près de 400.000 morts et 4 millions de déplacés. 


Le gouvernement a déclaré la manifestation "illégale" et mené des actions contre la Coalition du peuple pour l'action civile (PCCA) qui l'organise.

Ces dernières semaines, au moins huit militants ont été arrêtés et trois journalistes brièvement détenus en lien avec cette manifestation, selon des groupes de défense des droits civiques. 


Malgré les appels à la population à sortir massivement, l'ambiance était calme à Juba lundi matin.

Des forces spéciales de sécurité patrouillaient à bord de véhicules armés dans les quartiers généralement très fréquentés de la ville, où la circulation n'était pas aussi dense que d'habitude.


Des habitants ont indiqué à l'AFP qu'ils étaient nerveux à l'idée de quitter leur domicile. 

"On entend dire qu'il n'y a pas de travail aujourd'hui et en plus, on craint (la suite de la journée)", a déclaré à l'AFP Emelda Susu, une marchande ambulante.

"Je me rendrai au marché quand je verrai que les choses sont normales, mais pour l'instant la vie (passe) en premier. Oui, j'ai peur donc je fais attention", a déclaré à l'AFP Jimmy Bandu, un petit commerçant.


- Sous "contrôle total" -

Les autorités ont mis en garde ceux qui seraient tentés de participer à cette manifestation interdite.

"Le gouvernement a le contrôle total et (...) tout le monde doit donc reprendre son activité normale et (...) ne pas avoir peur", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Information, Michael Makuei. 


Il a réfuté les informations faisant état d'une coupure d'internet après que des utilisateurs ont signalé des problèmes d'accès aux deux principaux réseaux du pays, Zain et MTN.

Selon le ministre, les éventuels problèmes de connexion sont dus à des problèmes techniques.

L'ambassade des Etats-Unis a demandé à ses citoyens d'éviter les zones où les manifestants sont susceptibles de se rassembler, les appelant à "faire preuve de prudence". 


Coalition d'activistes, d'universitaires, d'avocats et d'anciens représentants du gouvernement, le PCCA a décrit le régime actuel comme "un système politique en faillite qui est devenu dangereux et a soumis notre peuple à d'immenses souffrances".

En 2011, le Soudan du Sud avait fêté son indépendance du Soudan dans l'allégresse. Mais dix ans plus tard, le pays demeure dans une situation extrêmement fragile.


Selon l'accord de paix de 2018, Salva Kiir et Riek Machar, qui se sont affrontés durant la guerre civile, participent au pouvoir dans un gouvernement d'union nationale, le premier en tant que président et le deuxième en tant que vie-président. 

Mais ce gouvernement est sous la menace constante des luttes de pouvoir et se montre incapable de juguler la violence endémique et la faim qui minent le pays.