Pour la plateforme Africaine pour le cacao durable, "le prix bord champ pour la campagne 2024-2025 se joue maintenant !"

Publié le 6 nov. 2023 à 17:09

  • Pour la plateforme Africaine pour le cacao durable, "le prix bord champ pour la campagne 2024-2025 se joue maintenant !"

Crédit Photo : Abidjan.net

Dans un communiqué commun, la plateforme ivoirienne pour le cacao durable et le Ghana Cocoa Civil Society Platform dénoncent le refus de l’industrie cacaoyère de payer les contrats au prix actuel du marché augmenté par le Différentiel du Revenu Décent, malgré la promesse. Pour la plateforme, "ce comportement, en rupture avec l’engagement de l’industrie de lutter contre la pauvreté, constitue un frein au droit au revenu décent des productrices et producteurs".

"La plateforme Ivoirienne pour le cacao durable et le Ghana Cocoa Civil Society Platform regroupées au sein de la plateforme africaine pour le cacao durable a appris par voie de presse les discussions entre les principaux pays producteurs de cacao (la Côte d’Ivoire et Ghana) et les principaux acheteurs des contrats à terme du cacao", peut-on lire dans le communiqué qui précise "qu’en Côte d’Ivoire et au Ghana, la situation du marché laissait espérer un prix enfin plus élevé pour les productrices et producteurs, après des années de prix bas".

En effet, selon la note de ces deux plateformes, la déclaration dans les médias d'un représentant d’une entreprise, qu’elle ne pourra pas acheter le cacao en ce moment car « cela crée trop de risques pour nous si le marché se retourne et que les prix chutent », illustre précisément cette situation où les grandes multinationales ont le pouvoir de faire peser tous les risques de variation de prix sur les productrices et producteurs, des populations vivant dans l'extrême pauvreté".

"Nous disons que ceci n’est pas acceptable. Car, c’est maintenant que se joue le prix bord champ pour la campagne 2024- 2025", martèle la note qui ajoute "qu’Il ne sert à rien d'avoir des prix haut dans 5-6 mois si tous les contrats sont vendus à un prix bas aujourd’hui. Le prix bord champ pour la campagne prochaine sera fixés en fonction des contrats vendus".

"Nous appelons l’industrie à acheter le cacao maintenant, et à mettre fin à cette pratique de forcer les prix vers les bas, ce qui va totalement contre leurs engagements de durabilité et de lutte contre l’extrême pauvreté des productrices et producteurs", a suggère le communiqué qui a rappelé que"le prix bord champ du cacao pour la campagne 2023-2024 annoncé dans les deux pays n’a pas reflété la hausse de prix sur le marché mondial : 1 000 FCFA en Côte d’Ivoire et 1308,99 Cedi au Ghana, des prix appréciés diversement mais pas beaucoup plus haut que la saison dernière, quand le prix mondial du cacao était pourtant plus bas".

"En plus, ces prix bord champ restent bien en-dessous de ce qui serait nécessaire pour permettre aux productrices et producteurs de gagner un revenu décent, un engagement de l’ensemble des acteurs", constate le communiqué.

Toujours selon le communiqué de la plateforme, "comme la PICD l’a rappelée dans sa communication n°3 publiée du 7 octobre 2023, cette situation est aussi due au marché du cacao dont le fonctionnement fait que tous les risques reposent sur les producteurs pourtant déjà très lésés dans le partage des bénéfices générés par la filière".

Les deux plateformes n’ont pas manqué de lancer à un appel aux Etats consommateurs des produits dérivés du cacao, notamment ceux du vieux continent. "Nous interpellons les gouvernements des pays consommateurs notamment l’Union européenne sur cette situation qui est de nature à mettre en péril tous les efforts effectués pour créer un climat favorable à la durabilité du cacao qui passe nécessairement par une meilleure rémunération des producteurs".

"L’Union européenne doit mettre des obligations règlementaires sur les entreprises pour les contraindre à payer aux producteurs un prix assez élevé pour permettre un niveau de vie suffisant", fait également savoir le communiqué.

"Aux autorités de la Côte d’Ivoire et du Ghana, nous voulons attirer leur attention sur le fait qu’il est absolument nécessaire, d’ouvrir la réflexion sur la gestion du fonds de stabilisation, financé par le différentiel de revenu décent. De sorte que l’on puisse prendre à témoins l’ensemble des opinions, sur le comportement inéquitable de l’industrie au moment où les efforts d’organisation sont en cours pour une amélioration systémique et durable des conditions de vie des productrices et producteurs de cacao", a soutenu le communiqué qui conclut en ces termes : "nous disons que c’est au prix de cette transparence, que nous pouvons collectivement, être en mesure, de changer fondamentalement la situation".

La Plateforme Africaine pour le Cacao Durable (PACD), a été créée en juillet 2022 à Grand-Bassam. Elle regroupe pour l’instant la plateforme ivoirienne pour le cacao durable (PICD) et le Ghana Cocoa.