France : "pas lieu de suspendre" la vaccination avec AstraZeneca (ministre)

Publié le 11 mars 2021 à 18:44 Modifié le 22 sept. 2022 à 23:05

  • France : "pas lieu de suspendre" la vaccination avec AstraZeneca (ministre)

Il n'y a "pas lieu de suspendre" les injections du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca en France, a jugé jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran, contrairement à ce que trois pays nordiques ont décidé par précaution le temps de statuer sur d'éventuels effets indésirables.

Il n'y a "pas lieu de suspendre" les injections du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca en France, a jugé jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran, contrairement à ce que trois pays nordiques ont décidé par précaution le temps de statuer sur d'éventuels effets indésirables.


"Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade", a affirmé M. Véran au cours d'une conférence de presse. Le Danemark, la Norvège et l'Islande ont pris la décision inverse en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins, mais ce risque n'est statistiquement pas plus fort chez les patients vaccinés avec AstraZeneca que chez les autres, a souligné M. Véran. C'est aussi ce qu'a estimé l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui a conseillé de poursuivre les injections. "Les investigations sont en cours en France et à l'étranger. L'Angleterre, qui a vacciné des millions de personnes avec le vaccin AstraZeneca, enjoint à poursuivre la campagne et n'a pas (observé) à très large échelle de sur-risque d'effet indésirable grave", a expliqué M. Véran.


"Sur 5 millions d'européens (vaccinés avec AstraZeneca, ndlr), 30 personnes ont présenté des troubles de la coagulation", a-t-il poursuivi, en soulignant que cela ne constituait pas de "sur-risque statistique" par rapport à des gens non-vaccinés. Pour autant, "chaque dossier est analysé" pour déterminer s'il existe "un lien de causalité avec la vaccination", a-t-il ajouté. "Si la situation devait évoluer, nous prendrions des décisions, mais à ce stade, il n'y a pas lieu de suspendre la vaccination". Pour autant, cet épisode risque de ternir un peu plus la réputation de ce vaccin produit par le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca et développé avec l'université britannique d'Oxford.  Son efficacité chez les personnes de plus de 65 ans a d'abord été mise en doute en Europe, avant que des études se montrent rassurantes, et ses effets secondaires plus importants, proches des symptômes de la grippe, ont été pointés du doigt.


Lundi, l'Autriche avait annoncé avoir cessé d'administrer un lot de ce vaccin, après le décès d'une infirmière de 49 ans qui a succombé à de "graves troubles de la coagulation" quelques jours après l'avoir reçu.

Quatre autres pays européens, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg, avaient suspendu dans la foulée les vaccinations avec des doses provenant de ce lot, livré dans 17 pays et qui comprenait un million de vaccins. L'Italie a elle interdit jeudi l'usage d'un autre lot, "à titre de précaution".


L'EMA a toutefois jugé mercredi qu'il n'existait aucun lien entre le vaccin d'AstraZeneca et le décès survenu en Autriche. Le ministre français de la Santé a jugé jeudi que la situation sur le front de l'épidémie de Covid-19 était "tendue et inquiétante", tout en étant très hétérogène d'une région à l'autre. Le seuil des 4.000 malades du Covid-19 en réanimation a été de nouveau dépassé. C'est une première depuis fin 2020. Et les autorités sanitaires françaises se préparent à transférer "des dizaines, voire des centaines" de patients atteints de Covid-19 de la région parisienne vers d'autres régions, en raison de la situation particulièrement tendue dans les hôpitaux locaux, a précisé Olivier Véran.


L'Agence régionale de santé (ARS) avait donné mardi "l'ordre ferme" aux hôpitaux et cliniques de la région parisienne de déprogrammer 40% de leurs activités médicales et chirurgicales les moins urgentes pour augmenter les capacités d'accueil. "Nous irons encore plus loin en termes de déprogrammation si la situation devait l'imposer", a assuré Olivier Véran. Le Covid-19 a officiellement fait près de 90.000 morts en France, principalement des personnes très âgées.