Sahel: Macron va annoncer la fin officielle de l'opération Barkhane

Publié le 9 nov. 2022 à 12:39

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Crédit Photo : Autre Presse

Le président français Emmanuel Macron doit annoncer mercredi la fin officielle de l'opération antijihadiste Barkhane au Sahel, lors d'une présentation des nouveaux défis stratégiques majeurs auxquels fait face Paris dans une géopolitique mondiale bouleversée par la guerre en Ukraine.

Le discours de M. Macron, en visite à Toulon (sud-est), sera notamment "l'occasion de marquer officiellement la fin de l'opération Barkhane et d'annoncer une adaptation significative de nos bases en Afrique", a indiqué le palais de l'Elysée.

Cette annonce doit toutefois être sans conséquence sur le dispositif militaire français dans la région sahélienne, où la France compte environ 3.000 militaires encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso, après avoir compté jusqu'à 5.500 hommes au plus fort de son déploiement.

L'armée française a quitté le Mali en août, après neuf ans de présence, poussée par la junte au pouvoir qui travaille désormais - même si elle s'en défend - avec le sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner.

Elle reste toutefois dans la région et continue à lutter contre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui étendent progressivement leurs activités vers les pays du golfe de Guinée. 

Selon l'Elysée, le principe est de "réduire l'exposition et la visibilité de nos forces militaires en Afrique et se concentrer sur la coopération et l’appui (...), principalement en termes d'équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel lorsque les pays le souhaitent". 

Sans abandonner la lutte antijihadiste, Paris doit composer avec une opinion africaine de plus en plus hostile et une influence de puissances rivales, Moscou en tête, qui se renforce via réseaux sociaux et médias officiels.

Cette annonce doit s'inscrire dans la présentation par M. Macron des grands défis stratégiques qui s'imposent à la France, à la lumière notamment du conflit en Ukraine qui aggrave la rivalité entre grandes puissances et les risques de conflits entre Etats. 

- Stratégies hybrides -

En Europe, selon la "Revue nationale stratégique" (RNS) dont le président français présentera les grandes lignes, la Russie déroule une "stratégie de remise en cause de l'ordre de sécurité euro-atlantique" via une "guerre de nouvelle génération "mêlant" menace d'escalade nucléaire" et déploiement de "stratégies hybrides", sous le seuil du conflit armé.

Dans ce contexte, "la France réaffirme son ambition d'être en 2030 une puissance d'équilibres sur la scène internationale, qui a renforcé son rayonnement et son influence dans ses zones d'intérêt", selon un conseiller présidentiel.

"Elle se veut un des moteurs de l'autonomie stratégique européenne (...) au travers notamment d'une défense européenne crédible, complémentaire de l'Alliance atlantique", ajoute-t-il.

L'édition 2022 de la RNS confirme des tendances lourdes déjà identifiées en 2017, avec notamment pour la France le besoin d'un modèle d'armée complet.

Mais elle insiste aussi sur certains concepts comme la résilience, l'économie de guerre ou encore l'influence, à la lumière des premiers enseignements du conflit en Ukraine.

Emmanuel Macron a demandé dès juin aux industriels de défense de s'efforcer de produire davantage et plus rapidement, à des coûts maîtrisés, pour faire face à la nouvelle donne géopolitique mondiale.

En 2030, la France devra être en mesure de faire face avec ses alliés à "un éventuel retour d'un conflit interétatique de haute intensité" et aux "stratégies hybrides", passant par la guerre cyber et de l'information, poursuit la RNS.

Ce discours intervient alors qu'exécutif, parlementaires et états-majors planchent sur la prochaine loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui devra poursuivre un effort budgétaire initié en 2017.

Le président ne fera toutefois aucune annonce sur cette future loi de programmation, mais le budget défense promet de rester en hausse. "On ne prépare pas une LPM qui rabote la montée budgétaire des dernières années", commentait récemment le ministre des Armées Sébastien Lecornu.