Les réactions à l'ordre d'évacuation du nord de Gaza

Publié le 14 oct. 2023 à 11:43

  • Les réactions à l'ordre d'évacuation du nord de Gaza

L'ordre d'évacuation lancé vendredi aux habitants du nord de la bande de Gaza, territoire assiégé depuis l'attaque du Hamas contre Israël, a été dénoncé par l'Arabie Saoudite, la Jordanie, la Ligue arabe et la Turquie, et désavoué par l'ONU qui craint une catastrophe humanitaire.

Voici les principales réactions.

Arabie Saoudite

L'Arabie saoudite a déclaré vendredi "son rejet catégorique des appels au déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, et sa condamnation du bombardement continu de civils sans défense" dans ce territoire, sa critique la plus vive émise à l'égard d'Israël depuis l'attaque lancée par le Hamas, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

 Jordanie

Le roi Abdallah II a mis en garde contre "toute tentative de déplacer les Palestiniens de toutes les terres palestiniennes ou de provoquer leur déplacement", selon un communiqué. "La crise ne devrait pas se propager aux pays voisins et aggraver la question des réfugiés", a-t-il ajouté.

Ligue arabe

L'ordre donné par Israël aux habitants de la bande de Gaza est "un transfert forcé" et constitue "un crime qui dépasse l'entendement", a estimé le chef de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit. Il a dénoncé "un acte de vengeance atroce (...) pour punir les civils impuissants à Gaza", dans une missive adressée au secrétaire général de l'ONU.

. Turquie

L'appel à l'évacuation est "inacceptable", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères. "Forcer les 2,5 millions d'habitants de Gaza (...) à migrer dans une zone extrêmement limitée constitue une violation flagrante du droit international et est inhumain".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a également jugé vendredi que "couper l'eau, l'électricité et la nourriture à 2 millions de personnes bloquées sur 360 km² est contraire aux droits humains les plus fondamentaux".

Egypte

Le président Abdel Fattah al-Sissi, a estimé jeudi que les habitants de la bande de Gaza devaient se montrer "inébranlables et rester sur leur terre". Il s'exprimait avant l'ordre d'évacuation du nord de Gaza, et alors que les appels pour que l'Egypte autorise un passage sécurisé pour les civils fuyant la bande de Gaza se multipliaient.

Président palestinien

Mahmoud Abbas "rejette totalement le déplacement" de populations de la bande de Gaza, "car cela équivaudrait à une deuxième Nakba ("Catastrophe", en arabe) pour notre peuple", a-t-il dit dans un communiqué en référence aux 760.000 Palestiniens qui ont fui ou ont été expulsés de leurs maisons pendant la guerre de 1948, qui a coïncidé avec la création de l'Etat d'Israël.

ONU

"Les Nations unies estiment impossible qu'un tel déplacement de population ait lieu sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices", a déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'organisation. L'ONU demande que cet ordre "soit annulé", a-t-il ajouté.

La rapporteuse spéciale de l'ONU pour les populations déplacées, Paula Gaviria Betancur, s'est déclarée "horrifiée" par l'ordre d'évacuation.

Une évacuation massive du nord de Gaza serait "catastrophique", pour les patients des hôpitaux, les hôpitaux du sud étant déjà à pleine capacité, a estimé pour sa part l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Russie

Le président Vladimir Poutine a jugé "inacceptable" le siège de la bande de Gaza par l'armée israélienne, estimant qu'il pourrait être "comparable au siège de Léningrad" par les Nazis pendant la Deuxième guerre mondiale.

"Plus de deux millions de personnes y vivent. Tout le monde ne soutient pas le Hamas", a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse à Bichkek au Kirghizstan.

Etats-Unis

Le président Joe Biden a assuré que "c'était aussi une priorité (pour lui) de répondre en urgence à la crise humanitaire à Gaza".

"Mes équipes dans la région travaillent, en communication avec les gouvernements d'Israël, d'Egypte, de Jordanie, d'autres nations arabes et des Nations unies, pour augmenter le soutien" humanitaire, a encore dit le président américain.

"Nous ne pouvons pas perdre de vue le fait que l'écrasante majorité des Palestiniens n'ont rien à voir avec le Hamas", a-t-il ajouté. Joe Biden avait demandé mercredi à Israël de respecter dans sa riposte "le droit de la guerre".

"Nous avons appelé les Israéliens à prendre toutes les précautions possibles pour éviter de faire du mal aux civils", a déclaré le secrétaire d'Etat Antony Blinken à Doha.

Royaume-Uni

Le Premier ministre Rishi Sunak a appelé vendredi Israël à "protéger les civils" dans sa riposte aux attaques du Hamas.

"Bien sûr, Israël doit prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils", a-t-il déclaré lors d'un déplacement en Suède.

Allemagne

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en visite vendredi en Israël, a dénoncé "le calcul perfide" du Hamas qui utilise selon elle la population de Gaza comme "bouclier".

Elle a mis en exergue "le défi immense" face auquel se trouvait Israël car "en tant que démocraties (...) nous prenons au sérieux le précepte humanitaire, la protection élémentaire de la population civile".

France

Le président Emmanuel Macron a exhorté jeudi Israël à une réponse "forte" mais "juste".

"Israël a le droit de se défendre en éliminant les groupes terroristes, dont le Hamas, par des actions ciblées mais en préservant les populations civiles, car c'est là le devoir des démocraties", a-t-il insisté.

Union européenne

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré vendredi au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, que l'Europe se tenait "aux côtés d'Israël", et que le Hamas était "seul responsable de ce qui se passe". "Je sais que la réaction d'Israël montrera qu'il s'agit d'une démocratie", a encore estimé Mme von der Leyen.