Immigration : Biden veut une "responsabilité partagée" avec les pays d'Amérique latine

Publié le 10 juin 2022 à 19:19 Modifié le 30 sept. 2022 à 07:13

  • Immigration : Biden veut une "responsabilité partagée" avec les pays d'Amérique latine

Au Sommet des Amériques, Biden parle de démocratie et de prospérité aux dirigeants d'Amérique latine

Joe Biden lance vendredi, en clôture d'un Sommet des Amériques assombri par des tensions diplomatiques, un partenariat censé poser le principe d'une "responsabilité partagée" entre Etats sur le sujet hautement sensible de l'immigration.

"Tous nos pays ont été touchés par une migration sans précédent, et je pense que c'est notre responsabilité partagée de s'attaquer à cette question", avait dit jeudi le président des Etats-Unis à Los Angeles, où se conclut vendredi ce grand sommet régional.

Les dirigeants doivent adopter une "Déclaration de Los Angeles" recouvrant divers engagements ou rappels d'engagements passés, en termes d'accueil de migrants et de régulation des flux.

- 20.000 réfugiés -

Dans ce cadre, les Etats-Unis vont accueillir 20.000 réfugiés venus d'Amérique latine en 2023 et 2024, soit, selon l'exécutif américain, le triple du nombre de réfugiés accueillis cette année.

Mais cela reste loin de la promesse américaine d'accueillir 100.000 Ukrainiens après l'invasion de leur pays par la Russie.

La Maison Blanche a aussi annoncé vendredi une enveloppe de 314 millions de dollars d'aide humanitaire à destination surtout des migrants vénézuéliens.

Plus de six millions de Vénézuéliens ont fui leur pays, en proie à une très grave crise économique et sociale.

Ni le Venezuela, ni Cuba ni le Nicaragua n'ont été conviés par Washington, ce qui a suscité de vives critiques de certains dirigeants et le boycott pur et simple du président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador.

Le pays, avec lequel les Etats-Unis ont une frontière de plus de 3.000 kilomètres que des milliers de personnes en situation irrégulière essaient chaque jour de franchir, a toutefois envoyé une délégation au sommet.

Et Joe Biden a martelé que malgré les tensions diplomatiques, la volonté de coopérer sur ce sujet hautement sensible était forte.

- Politique intérieure -

L'enjeu de politique intérieure est immense pour le président démocrate: l'opposition républicaine, qui espère reprendre le contrôle du Congrès lors d'élections cet automne, l'accuse régulièrement de laxisme lorsqu'il s'agit d'immigration.

Washington demande à ses partenaires de "garder leurs frontières de manière plus efficace", d'identifier "les personnes qui ne sont pas éligibles" au droit d'asile et de renforcer leurs procédures à ce sujet, a indiqué une haute responsable américaine.

Le Sommet des Amériques, lancé en 1994 à Miami et qui ne s'était plus tenu aux Etats-Unis depuis, est censé célébrer une nouvelle ère dans les relations sur le continent, notamment après les accrochages ayant marqué la présidence de Donald Trump.

Mais il se conclut, pour les Américains, sur un bilan mitigé.

Joe Biden a ainsi connu un vrai moment d'embarras diplomatique jeudi quand le Premier ministre du Belize puis le président argentin l'ont critiqué au sujet de l'absence de Cuba et du Venezuela, en pleine séance plénière, et alors qu'il était assis à quelques mètres.

Le chef de l'Etat américain a fait bonne figure, applaudissant toutes les interventions, même les plus critiques, et serrant la main des dirigeants concernés à leur descente de l'estrade. Il a assuré que sur le fond, "l'unité" était de mise avec les pays du continent.

- Double satisfecit -

Et vendredi, il a pu se réjouir des satisfecit du Mexique et du Brésil, qui ont semblé vouloir terminer sur une note positive.

Le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrard a ainsi salué des résultats "très positifs". Quant au président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, avec qui les sujets de frictions ne manquent pas, il a qualifié de "fantastique" son face-à-face de la veille avec Joe Biden et a tenu des propos conciliants sur l'environnement, assurant que le Brésil pouvait développer son agriculture tout en préservant l'Amazonie.

Les Etats-Unis s'inquiètent de l'influence croissante de la Chine sur une région qu'ils ont toujours considérée comme leur pré carré, et de la dépendance commerciale très forte de tous les pays, eux compris, envers Pékin.

Mais l'administration Biden a fait clairement comprendre qu'elle ne suivrait pas l'exemple chinois, synonyme de gros investissements et de grands projets d'infrastructures en Amérique latine.

Une anecdote est venue rappeler l'omniprésence de la Chine, dont le nom n'a été que très peu évoqué à Los Angeles.

La Chambre de commerce américaine a ainsi distribué en marge du sommet un sac bleu rempli de cadeaux censés promouvoir l'industrie américaine. Mais contenant entre autres une gourde et des lunettes de soleil... "Made in China".