Pacte migratoire : La Commission "cède aux gouvernements anti-immigration", dénonce Oxfam

Publié le 23 sept. 2020 à 13:23 Modifié le 29 sept. 2022 à 15:48

  • Pacte migratoire : La Commission "cède aux gouvernements anti-immigration", dénonce Oxfam

A force de rechercher le consensus, la Commission européenne "cède devant les gouvernements anti-immigration", a accusé l'ONG Oxfam mercredi, jour de la présentation par l'exécutif européen de son nouveau Pacte sur l'asile et la migration.

A force de rechercher le consensus, la Commission européenne "cède devant les gouvernements anti-immigration", a accusé l'ONG Oxfam mercredi, jour de la présentation par l'exécutif européen de son nouveau Pacte sur l'asile et la migration.


"Depuis de nombreuses années, l'Europe a besoin de réformer son système d'asile afin de protéger les gens qui fuient les persécutions et le conflit dans le respect du droit international", écrit l'ONG, en saluant la volonté de Bruxelles de faire évoluer "de manière significative" les 27. "Cependant, afin de parvenir à un consensus, la Commission a cédé à la pression des gouvernements européens dont le seul objectif est de faire baisser le nombre de bénéficiaires d'une protection internationale sur le continent", poursuit-elle.


Selon Oxfam, les nouvelles propositions formulées mercredi "vont probablement reproduire la situation abominable à laquelle nous assistons depuis des années dans les +hotspots+ de Grèce", ces lieux censés sélectionner les candidats à l'asile où "des familles entières se retrouvent de facto en détention".

Une allusion notamment au camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, où des milliers de migrants se sont retrouvés sans abri après l'incendie survenu il y a deux semaines. Un "nouveau Pacte sur la migration et l'asile" a été dévoilé mercredi par la Commission européenne.


Il doit rendre obligatoire la "solidarité" de tous les pays de l'UE avec les pays de première arrivée de migrants, comme la Grèce, l'Italie ou Malte, lorsque ces derniers sont "sous pression".

Une aide qui ne prend "pas seulement" la forme de relocalisation des demandeurs d'asile dans d'autres pays de l'UE, mais peut se traduire par une "aide au retour" vers leur pays d'origine des personnes qui se voient refuser l'asile, selon l'exécutif européen.


"Un élément clef du nouveau pact vise à introduire aux frontières de l'UE des procédures expresses de demandes d'asile et de retour (des migrants refusés vers leur pays d'origines). Nous craignons que cela ne dilue leurs garanties juridiques et ne conduise à des détentions accrues", s'est inquiété pour sa part Maria Nyman, secrétaire générale de l'ONG Caritas Europa.

Ces nouvelles procédures "pourraient reproduire le modèle ayant abouti à Moria, avec des structures d'accueil surpeuplées et indignes", a-t-elle observé, jugeant que "sans système équitable répartissant les demandeurs d'asile à travers l'Europe en tenant compte de leurs liens familiaux et personnels, le nouveau Pacte est voué à l'échec". Le Pacte sur l'asile "fournit une chance unique de donner la priorité aux enfants (…) et de remédier aux conditions inhumaines et aux échecs" de la politique migratoire de l'UE, a estimé en revanche l'UNICEF dans un communiqué. L'organisation salue "la reconnaissance que tous les enfants migrants doivent bénéficier d'une protection spéciale, qu'ils voyagent seuls ou avec leurs familles", ajoute le communiqué.