Tout savoir sur l'autisme et sa prise en charge en 10 questions et réponses

Publié le 5 avr. 2024 à 10:18

  • Tout savoir sur l'autisme et sa prise en charge en 10 questions et réponses

Le Ministère de la santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture Maladie Universelle, dans le cadre du Programme National de Santé Mentale (PNSM) a procédé, le 2 avril dernier, au lancement d'une campagne nationale de sensibilisation à l’Autisme dénommée "Avril Bleu".

Lancée en prélude de la Journée Mondiale de l’Autisme célébrée chaque année, cette édition est orientée autour du thème : "Autisme, transformons les occasions manquées en opportunités ". Pour permettre de tout savoir l'autisme, 10 questions que l'on se pose pour mieux comprendre.

1-Qu’est-ce que l’Autisme ou Trouble du Spectre de l’Autisme ?

Les TSA (Troubles du Spectre de l’Autisme) communément appelé Autisme regroupe un ensemble de troubles, classés dans la catégorie des troubles du neuro-développement, qui affecte l’enfant à un âge précoce. Ces troubles du développement de l’enfant concernent principalement les domaines suivants : communication, interactions sociales et comportement. Ces troubles perdurent tout au long de la vie de la personne autiste, et, non suivis, peuvent constituer, en matière de santé publique, un handicap majeur.

2-Quelle est la réalité des Troubles du Spectres de l’Autisme en Côte d’Ivoire ?

Selon l’OMS, les Troubles du Spectre de l’Autisme touchent environ 1% de la population mondiale. Ainsi, sur la base de cette estimation, en Côte d’Ivoire, la prévalence de l’autisme diagnostiqué serait d’environ 1% de la population jeune, soit environ 225.000 enfants de 0 à 17 ans. Mais à ce jour, nous ne disposons pas d’études ou d’enquêtes nationales sur les TSA en Côte d’Ivoire.

3-Comment se manifeste les Troubles du Spectres de l’Autisme ?

Les TSA se caractérisent par un déficit persistant de la communication, une difficulté à mener des interactions sociales et des intérêts restreints et très précis qui, mal compris ou mal gérés, entravent le quotidien des concernés et de leurs proches. Les manifestations des TSA sont variables d’une personne à une autre et selon l’âge. Toutefois, les premiers signes apparaissent dès la naissance (avant l’âge de 03 ans).

Les troubles du langage sont souvent à l’origine des premières préoccupations parentales et constituent le premier motif de consultations des parents d’enfants avec TSA

-L’enfant a un contact visuel souvent évitant, fuyant ou peu soutenu, voire absent ;

-L’enfant a de la difficulté à établir des relations avec les autres enfants de son âge;

-L’enfant a des difficultés pour s’intégrer socialement (hyper sensorialité, difficulté de la gestion des émotions, difficultés à pouvoir communiquer sur son mal-être).

4-Quelles sont les causes des Troubles du Spectre de l’Autisme ?

A ce jour, il n’existe pas une cause clairement identifiée ; les recherches en cours mettent de plus en plus en évidence la composante génétique du trouble. Par ailleurs, il existe néanmoins des facteurs de risque de survenue des TSA :

-S’il y a une existence de fratrie d’enfant avec TSA ;

-Si les grossesses sont à risque (petit poids de naissance, prématurité, souffrance néonatale et parents avec un âge avancé).

5-Quel est l’intérêt du dépistage précoce des Troubles du Spectre de l’Autisme ?

Le dépistage revêt une importance capitale. L’outil de dépistage M-CHAT utilisé à partir de 18 mois permet d’identifier les enfants à risque de TSA. L’activité de dépistage des TSA peut être menée par tout agent de santé (infirmier, sage-femme, médecin généraliste, etc.), tout professionnel de la petite enfance, du social ayant bénéficié d’une formation minimale. L’activité de dépistage permet de débuter une prise en charge et des interventions précoces en attendant la confirmation du diagnostic de TSA.

6-Quelles sont les bénéfices et les opportunités pour la promotion de l’activité de surveillance du développement du jeune enfant ?

La surveillance systématique du développement dans les soins primaires et au niveau communautaire permet :

-de prodiguer des soins bienveillants, attentifs pour un développement harmonieux de l’enfant

-d’identifier les enfants à risques de TSA ou autre trouble du développement réduire des dépenses de santé des ménages liées au TSA ou autre type de handicap chez l’enfant

-d’impliquer toute la communauté, et les familles dans le suivi du développement du jeune enfant de lutter précocement contre toutes formes de préjugés, violences, exclusion sociale faites aux enfants/adolescents autistes et autres handicaps ;

Des nombreuses occasions manquées peuvent être transformées en opportunités

-Les consultations prénatales

-Les consultations post-natales Les activités de vaccination, nutrition (stratégies fixes ou campagnes, FRANC)

-Le suivi communautaire des enfants (PCIME) Les structures de la petite enfance (CACE, garderie, pouponnières, préscolaire, etc.)

7-Comment pose-t-on le diagnostic du TSA ?

Le diagnostic du TSA est clinique. Il n’existe pas d’examens biologiques ou radiologiques pour poser le diagnostic du TSA. Tout médecin généraliste formé peut poser le diagnostic du TSA, sous la supervision de spécialiste ; il éliminera les autres troubles du développement et autres problèmes de santé (surdité, cécité, etc.) et pourra déterminer le niveau de sévérité, les problèmes de santé ou troubles associés (épilepsie, retard mental). Le C.A.R.S (Childhood Autism Rating Scale) est un outil clinique standardisé utilisé pour déterminer la sévérité du Trouble du Spectre de l’Autisme.

En cas de doute diagnostique, le recours aux outils diagnostics spécifiques au TSA est recommandé. En dehors du diagnostic médical, le recours aux autres professionnels (orthophonistes, éducateurs spécialisés, psychologues, ergothérapeutes, psychomotriciens, etc.) est indispensable pour la réalisation des évaluations, des bilans spécifiques (orthophoniques, éducatifs, psychologiques, pédagogiques) en vue d’élaborer un projet de prise en charge et d’accompagnement adapté.

8-Comment se fait la prise en charge des enfants et adolescents autistes ?

A ce jour, aucun traitement médicamenteux n’existe contre le TSA, mais des thérapies comportementales et développementales permettent d’améliorer la qualité de vie des personnes autistes et de leurs proches. Il existe différents moyens de prise en charge, d’interventions pour aider à gérer et à minimiser la sévérité des manifestations liées aux TSA. La prise en charge des enfants et des adolescents autistes nécessite une collaboration obligatoire entre plusieurs professionnels, les personnes autistes et leurs familles sur la base des objectifs de projet de pris en charge et de suivi individualisé. Il s’agit entre autres :

-Le suivi médical et les rééducations (orthophoniques, psychomotrices, etc.).

-Les programmes spécifiques de développement des habilités sociales, comportementales, individuelles ou de groupes.

-Le soutien psychologique des personnes autistes et des familles.

-Les soutiens spécifiques (éducatifs, scolaires, professionnels, familiaux, etc.)

9-Quelles sont les structures publiques de prise en charge des personnes autistes en Côte d’Ivoire ?

Centres de référence

-Institut National de Santé Publique (INSP) d’Abidjan-Plateau :

-Centre Marguerite Té Bonlé (enfants autistes)

-Centre de Guidance Infantile (enfants et adolescents autistes)

-Hôpital Psychiatrique de Bouaké : Service de Pédopsychiatrie (enfants et adolescents autistes)

Unités Intégrées de dépistage, diagnostic et prise en charge précoce (0- 5 ans)

-Service de pédiatrie, CHR d’Agboville, District Sanitaire Agboville

-Centre de Santé de N’ZUESSI, District Sanitaire Yamoussoukro

-Formation Sanitaire Urbaine de Diézoukoumékro, District Sanitaire Bouaké Nord-Ouest

-Centre de Santé DELAFOSSE, District Sanitaire Korhogo 1

10-Quelles sont les informations utiles sur la Direction de Coordination du Programme National de Santé Mentale (DC-PNSM) ?

La Direction de Coordination du Programme National de Santé Mentale (DC-PNSM) a été créée le 21 juin 2007 par arrêté N 162 MSPH/CAB.

La DC-PNSM est chargée de conduire la politique du Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle (MSHPCMU) en matière de santé mentale, développementale et cérébrale par des interventions promotionnelles, préventives et curatives sur l’ensemble du territoire ivoirien. Le pôle Santé mentale périnatale et développement de la petite enfance fait partie des pôles d’innovation de la DC-PNSM qui vise à apporter des réponses adaptées aux nombreux défis en santé mentale publique. Ainsi, elle a élaboré et coordonné la mise en œuvre des Directives nationales de dépistage, diagnostic et prise en charge des Troubles du spectre de l’Autisme (TSA) à tous les niveaux de la pyramide de santé en collaboration avec les ministères concernés et l’appui des partenaires d’appui au système de santé.