Le contrat de référence sur l'oxyde d'uranium, appelé U3O8 (du nom de sa formule chimique) et qui, une fois enrichi, sert de combustible nucléaire, est monté jusqu'à 85,75 dollars la livre (environ 450 grammes), une première depuis janvier 2007.
Cette escalade des cours est le résultat d'une conjonction de facteurs, notamment le rebond de la demande, lié à la transition énergétique, mais aussi aux craintes relatives à l'approvisionnement en pétrole et en gaz consécutif à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
France, Belgique, Royaume-Uni ou Roumanie ont récemment autorisé la prolongation de l'exploitation de plusieurs centrales existantes.
Le régulateur californien des services aux collectivités (CPUC) a validé jeudi l'extension de cinq ans de la durée de vie des deux réacteurs de Diablo Canyon, situés au nord-ouest de Los Angeles et qui devaient initialement fermer en 2024 et en 2025.
De nouveaux projets ont aussi été lancés, en particulier en Chine (25 réacteurs en construction) mais aussi en Inde, en Turquie ou en Egypte.
Dans le même temps, "l'offre n'a pas vraiment suivi", explique Jonathan Hinze, président du cabinet de recherche sur l'industrie nucléaire UxC.
Il cite notamment le Kazakhstan, de très loin le premier producteur mondial d'uranium (43% de l'offre en 2022, selon l'Association nucléaire mondiale), qui a fait face à des problèmes logistiques, en particulier une pénurie d'acide sulfurique, utilisé pour l'extraction.
Quelque 58.000 tonnes d'uranium ont été extraites en 2022 dans le monde.
Le marché s'inquiète également, selon l'analyste, du coup d’État militaire au Niger, qui a assuré 4% de la production mondiale en 2022.
A cela s'ajoute le vote, lundi, par la Chambre des représentants américaine d'un embargo sur l'uranium russe (5% de la production mondiale), qui a tendu un peu plus les opérateurs. Le texte doit encore être examiné au Sénat.
A l'ensemble de ces facteurs se superpose l'émergence d'acteurs financiers qui accumulent d'importantes réserves et font grimper les prix.
Le plus grand d'entre eux étant le canadien Sprott, qui contrôlait, fin juin, près de 28.000 tonnes du précieux minerai.
Pour alimenter le marché, des mines sont rouvertes dans plusieurs endroits du monde, comme dans l'Utah, aux États-Unis.
"L'extraction minière va répondre à la demande, mais ce n'est pas un processus qui aboutit du jour au lendemain. Cela prendra des années", prévient Jonathan Hinze. Dans l'immédiat, "il semble que les prix vont continuer à monter."
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